Les manifestations de décembre 1960 en Algérie. par Boumediene Lechlech.
» A l’occasion de la commémoration du 60éme anniversaire des grandioses manifestations populaires historiques de décembre 1960. », une contribution de Boumediene Lechlech
A Monsieur Daho Djerbal, Directeur de la publication de la revue « Naqd ».
Contribution sur l’histoire récente de l’Algérie.
Décembre 1960 n’est pas encore prêt à livrer tous ses secrets.*
(À l’occasion de la parution du numéro spécial de la revue « Naqd » consacré au cinquantième anniversaire de l’évènement).
1) A propos de la note introductive:
Pour rentrer dans le vif du sujet , et d’abord du point de vue de la forme , je crois , à mon humble avis , que plusieurs parmi nous ont ressenti la nécessité d’une revue spéciale d’histoire pour le très large public avec une parution régulière ,et ce depuis l’ouverture démocratique dévoyée de 1989, et non un simple hors-série .De ce point de vue , ce numéro spécial répond partiellement à l’attente . Permettez – moi de vous dire franchement , que par rapport au contenu de la note introductive , deux contributions sont un peu trop «lourdes» , car il y’a l’ambition de s’adresser au large lectorat que vous souhaitez cibler et gagner.Je fais allusion à la troisième et quatrième, et dont le volume est assez épais et dense.D’habitude,comme vous le saviez, les revues spécialisées dans le monde consacrent par numéro , un dossier spécial , en plus de diverses rubriques permanentes comme l’interview , les réponses aux questions des lecteurs, des jeux d’histoire…,avec des illustrations iconographiques ,en archives et autres . Il ne faut pas négliger l’usage surtout de la langue arabe qui est indispensable aujourd’hui ( avec le tamazight moderne même encore à l’état expérimental ). Alors que la reliure de cette revue est de mauvaise qualité, et le choix du format discutable.(1)
Aussi faudrait-il ajouter en complément à vos remarques relatives à la place de l’histoire dans notre société et sa fonction , surtout celle de la guerre de libération nationale , sa falsification ( que l’on doit distinguer – chose tout à fait naturelle – de la diversité d’interprétation ) éhontée par des sphères du pouvoir politique , et certains milieux de l’opposition dans la société algérienne . Et si l’on devrait saluer la prolifération des écrits d’acteurs -témoins , il y’a lieu aussi de noter la déviation de certains qui s’éloignent de l’autobiographie et du témoignage , pour s’ériger en historiens qualifiés (même si l’on considère que personne n’a le monopole d’écrire dans ce domaine , dans la limite de l’éthique déontologique et des règles de la rigueur scientifique).Certes le métier d’historien est craint,mais dévalorisé dans notre pays , et ce n’est pas pour autant que quiconque s’en réclame.(2)
Mais alors que le monopole justement s’exerce sur tout ce qui a trait aux archives,et pas uniquement celles sensibles pour la sécurité et la cohésion nationales , par des polices politiques qui s’érigent en exclusives détentrices de l’autorité sur la mémoire collective nationale , de manière exagérée . Alors que de simples « chargés d’archives » de l’histoire de la guerre de libération nationale , dans l’organisation des anciens Moudjahidines et des associations assimilées, s’improvisent en auteurs autoproclamés (puisant leur financement dans l’argent public ), les exploitent mal dans des publications en se réclamant d’une légitimité dépassée , avec la complicité de maisons d’édition ou de journaux qui ne s’intéressent qu’aux pactoles ramassées, et avec l’aide de lettrés rentiers restants cloitrés dans l’anonymat.(3)
Et par conséquent « la bleuîte » semble devenir permanente dans cette confusion généralisée . Alors que certains milieux intéressés ont carrément détruit des pans entiers d’archives compromettantes pour eux , surtout durant la période du terrorisme islamiste , en profitant de la situation et camouflant leurs méfaits et positions antinationales . Par contre l’ennemi d’hier se proclamant ami d’aujourd’hui, adopte toujours un douteux multiple jeu favorisant l’émergence de réseaux « d’historiens(nes) » diplômés(es) , très médiocres et sans vocation ( L’exception d’une minorité autonome , scientifique et critique d’historiens formée en France l’est grâce à la solidarité de milieux anticolonialistes , mais dont une bonne partie fut recyclée par le système ).Et encore dresse un verrouillage presque total sur les archives , enfreignant ses propres textes juridiques sur les délais limites fixés à la déclassification et à l’usage public des documents écrits , sources filmées et sonores…On ne laisse filtrer que ce qu’on juge bon à cela , et l’on pense ainsi protéger par ce moyen ses intérêts stratégiques et les forces ( une relève formée de nouvelles élites ) qui les garantissent ,et pérennisent dans le cadre d’une optique néocolonialiste , toujours réadaptée aux nouveaux contextes interne et global. On continue alors dans la paix , la guerre psychologique et du renseignement , même en investissant le domaine de l’histoire par des généraux spécialistes et privilégiés en la matière ( par la dérogation ).(4)
Et qu’observe – t – on du côté des gardiens du temple de « l’organisation nationale des historiens » officielle ( ou ce qui en reste ) qui est devenue un tremplin à la promotion politico-sociale , et à la retraite dorée de députés et sénateurs propulsés ? Sa principale besogne non déclarée n’est pas des études scientifiques d’intérêt national , mais « la chasse aux sorcières » , la conversion politique ,la redistribution des prébendes de la rente corruptrice , ainsi que la participation au jeu d’équilibrage des néo – ‘assabyetes dans ce système clientéliste et pervers . Alors que dans les faits on joue le rôle d’auxiliaires dociles qui asphyxient toute pensée autonome indispensable au progrès de la science historique académique et à l’intérêt national.(5)
Toutes les stratégies adoptées , sans aucune exception , de maintien au pouvoir politique ou de sa conquête instrumentalisent outrancièrement la mémoire collective et l’histoire nationale , et en particulier notre guerre d’indépendance . L’évènement de décembre 1960 n’y échappe pas , et la propagande directe par l’histoire est devenue monnaie courante . Même des mythes colonialistes sont transformés en mythes nationalistes , et ils deviennent souvent fondateurs . Légitimer et justifier ses actes et positions restent le but essentiel . Alors que toute avancée pour l’avenir nécessite une réassimilation autocritique et critique du legs historique. Le plus grave est la tendance au développement d’une sorte d’ethnocentrisme en histoire à rebours et de chauvinisme qui consiste à glorifier sa région , son ethnie , sa communauté , sa tribu , sa famille … en généralisant et parfois allant à l’encontre des faits historiques contradictoires ( têtus, comme on dit ), et de la destinée nationale. Les biographies d’héros sacralisés sont instrumentalisées, et les anciens clans se redimensionnent sur la base de la réhabilitation de personnalités politiques bannies officiellement du mouvement national . Et on ose même donner une profondeur historique à la politique dite de ‘’ réconciliation nationale ’’ pour tenter de se guérir des séquelles des luttes fratricides du passé , et éviter la transmission des blessures de la mémoire collective aux nouvelles générations ; mission ‘’disputée’’ souvent par des politiques et politologues aux historiens , et qui travestit l’écriture véridique ( relativement ) de notre histoire nationale proche ou lointaine.(6)
2) Au sujet du titre principal: Par rapport au titre et aux commentaires à son sujet dans la presse , il faut d’abord dire qu’il prête à confusion chez les lecteurs non avertis . Il s’agit fondamentalement de manifestations et de contre – manifestations ( avec de multiples formes de luttes pacifiques et violentes ) qui se sont étalées sur plusieurs jours qui ont touché presque toute l’Algérie , même si à Alger elles ont été grandioses le jour du 11 décembre 1960 ( stade culminant ) , et il y ’ a eu le plus de morts . Personnellement , je l’aurais vu en sous – titre . Mais par contre « la métaphore » ( Le Diên Biên Phù politique de la guerre d’Algérie ) originale n’est pas de Hartmut Elsenhans , qui lui – même l’emprunte à un officier français interviewé par le reporter du journal ‘’ le Monde ’’ censuré qui avait utilisé le terme « psychologique » au lieu de politique .Alors que l’usage de cette métaphore « Diên Biên Phù » avec divers qualificatifs – signifiant la défaite – (militaire, politique, psychologique , diplomatique et pacifique ) , on va la retrouver avant et après l’évènement lui-même chez diverses personnalités et forces politiques et militaires. Enfin il fallait expliquer brièvement , en marge ,où est situé l’endroit (le toponyme) , au Vietnam et sa signification qui doit être bien relativisée ,loin de toute euphorie triomphaliste et trompeuse.(7)
3) L’intitulé des sous-titres: Les deux dernières contributions , fort intéressantes , la première du point de vue de la politique française et la seconde de celle de l’Algérie débordent largement le sujet et méritent mieux , à mon avis personnel , des titres qui portent , au moins , sur toute la durée de la guerre d’indépendance et non seulement sur l’évènement de décembre 1960 lui-même et son immédiateté ( d’avant et d’après ). Et donc trouvent leur cadre temporel dans un contexte un peu plus vaste, celui de la guerre de libération nationale (1954 – 1962).(8)
4) Remarques sur la chronologie indicative: Même corrigée par un errata (qui prête à la confusion ), cette chronologie ( élaborée sans doute par des gens , à priori non spécialisés en histoire ) , est exclusive et maladroite ( mais sûrement non intentionnellement ) et comporte quelques erreurs . Pour qu’elle raison exclure uniquement le PCA qui malgré tous ses déboires (comme toutes les autres formations politiques ) a donné ses martyrs autochtones et d’origine européenne à la patrie , à l’instar des autres forces nationales , sans compter ceux liquidés par leurs ‘’frères d’armes ’’ et dont le cas fut gardé secret des années par le PCA lui-même !? En tout cas les manifestants musulmans eux se sont rassemblés le jour même du 11 décembre 1960 symboliquement devant les demeures, à l’ex.Clos Salembier(El Madania),de deux de ses martyrs morts héroïquement: Henri Maillot et Fernand Iveton.(9)
Parmi les quelques erreurs que je relève, et pas toutes, la plus grossière est (elle doit-être involontaire ou d’impression)celle du 24 novembre 1960 où il est dit : « Voyage de De Gaulle en Algérie »! Celles qui sont à bannir concernent la citation de la mort aux combats d’officiers supérieurs de l’ALN , et pas d’autres (alors ou on les cite tous , ou on ne parle de personne ). Il fallait , à mon sens la limiter à la période 1954-1962 , et encore prévoir un tableau chronologique sous-jacent plus détaillé (par jour et horaires de l’évènement de décembre 1960 lui-même ) du 9 au 16 ( fin des premières manifestations, car celles-ci auront des répliques quelques temps après dans diverses régions du pays ) et non 15 comme il est dit , du mois , et non plus du 9 au 13 (durée correspondante au voyage de De Gaulle). Le mieux , méthodologiquement, aurait été de scinder le tableau en deux colonnes, l’une du point de vue du cours de l’histoire algérienne et l’autre française. En tout les cas cette chronologie , en tenant compte de ce qui a été déjà fait , reste une tâche importante pour l’histoire nationale à mettre à jour régulièrement à la lumière du nouveau. Quand à la phase comprise entre 1945 et 1954 , on cite par exemple les évènements du 8 mai en titrant « Sétif » uniquement ! Et on omet même la création de l’O.S et le formidable mouvement d’agitation sociale , syndicale , politique et unitaire en essor qui débouchera sur le choix inéluctable de la voie armée , sans parler de l’occultation totale de celui de l’art , de la culture et de la pensée intellectuelle ( domaines très souvent sous – estimés ) , avec la foi religieuse et qui mûrissent la conscience identitaire nationale et nourrissent l’affect collectif . Les slogans et cris de révolte , les chants et you-you… qui exaltaient les manifestants en sont la démonstration palpable.(10)
5) La bibliographie indicative: . Il y’a lieu de souligner d’abord la priorité d’une étude historiographique spécifique à l’évènement de décembre 1960 , la plus exhaustive possible , nécessaire comme sorte de bilan pour constater le chemin qui reste à faire.(11)
Cette bibliographie indicative citée et non seulement générale ( qui se rapporte globalement à toute la phase de la guerre ) , mais elle néglige des sources essentielles , algériennes et françaises ( à titre d’exemple le journal El Moudjahid , le témoignage de J.Morin – délégué général du moment – , les mémoires et publications de A.Ferhat ,A.Farés ,De Gaulle,M.Debré,L.Terrenoire et des principaux partis politiques de l’époque comme le PCA , le MNA…du côté algérien , celle du MCP , du FAF… du côté français , et des versions de témoins oculaires ).Et enfin les reportages filmés de la télévision française, même diffusés encore avec parcimonie par l’I.N.A , et avec des censures minutieusement étudiées ! Ainsi que des agences de presses réputées qui ont couvert l’évènement en direct , en rapport avec la tenue de l’assemblée générale de l’O.N.U qui devait votait le 15 décembre 1960 même , le droit du peuple algérien à l’autodétermination et à l’indépendance nationale , démontrant l’impact médiatico-diplomatique direct de l’évènement , et cela à l’échelle internationale . Ce vote devait être confirmé le 19 ( quatre jours après ) , mais diminué , de très peu , de celui de l’égide de l’organisation des nations unies pour le contrôle de ce processus , reflétant le poids des superpuissances dans le contexte mondiale de la détente.(12)
6) Les illustrations iconographiques et d’archives: Le choix des deux photos de la couverture est judicieux , mais il n’était pas nécessaire de les reproduire à l’intérieur de la revue à la fin ( cela devient du remplissage ) . Il y’a nécessairement la subjectivité qui intervient dans les illustrations par des coupures de journaux ;à mon avis,il fallait mettre d’autres de l’Ouest et de l’Est – notamment Aïn Témouchent où a eu lieu le 9 le début des évènements – non pas pour faire de l’équilibre régional en histoire , mais pour montrer que tout le territoire national a été touché . Par ailleurs si le journal ‘’le Monde’’ du 15 décembre a été mis en relief au lieu de celui du 13, on aurait constaté que la « métaphore » : ( Diên Biên Phù psychologique ) dite par un officier de l’armée française y figurait. Et si une coupure de journal du 10 a été reproduite dans la revue, on aurait aussi su que De Gaulle n’a pas visité Tlemcen le 10 décembre 1960 , comme il est dit dans la revue et repris par les journaux, mais toujours le 9 décembre dans l’après-midi. Le recours aux sources premières est primordial, au lieu de l’information de seconde main, même si elle est donnée par d’éminents spécialistes, dans la reconstitution de l’évènement historique chronologiquement.(13)
7) Réflexion succincte sur une approche de l’évènement. Personnellement j’aurais conçu, avant toute tentative d’analyse rétrospective, une reconstitution approximative de cet évènement historique exceptionnel , chronologiquement du 9 au 16 décembre 1960 ( et au – delà suivant ses répliques et prolongements ), sur la base des principaux faits marquants dans tout le territoire national avec ses retombées politiques , diplomatiques , médiatiques internationales… Et cela en tenant compte de sa complexité , mais de l’angle de vision de l’histoire nationale , sans négliger celui de l’histoire française .Aussi faudrait-il prendre une certaine distanciation pour le plus d’objectivité possible , sachant notre net parti pris.(14)
Il faut se rendre à l’évidence que la compréhension de cet évènement historique est d’une portée considérable pour bien élucider l’évolution de l’après-indépendance dans le cadre de l’histoire nationale , notamment la réadaptation de la politique de 3éme force néocoloniale préconisée , à ne pas confondre avec celle de 3éme voie, auparavant par l’Etat colonial ( et pas seulement le gaullisme mythifié ) , et non son échec total comme le laisse penser la majorité des historiens des deux rives ou le feigne. Cette force, avec ses diverses variantes , ne s’était pas constituée , pour l’essentiel , en dehors du FLN comme prévu initialement, mais à l’intérieur de son Etat -Nation et de ses institutions , même névralgiques .Ce cours de l’évolution de la situation politico – militaire ultérieure , a été surtout déterminé par le nouveau rapport de forces créé par les luttes de cet épisode grandiose de décembre 1960 , par la nouvelle stratégie néocoloniale , et les alliances contre-nature des diverses factions des appareils du FLN-ALN ( GPRA ) dans la course feutrée au pouvoir ,redynamisée par l’évènement décisif lui-même, et prélude à la crise ouverte (cafouillage) de l’été 1962.(15)
Elle l’est aussi davantage par rapport à l’enrichissement de la théorisation de l’évolution historique , à ce stade de développement de la modernité politique humaine, pour la compréhension du processus historique en cours dit « du printemps arabe » qui essaime pour devenir méditerranéen et plus encore , avec sa forme tournante ( qui ne trouve pas encore étrangement un prolongement en Algérie ! ), et dont la réflexion pluridisciplinaire essaye de rendre intelligible le cours et la typologie.(16)
La théorie des alternatives dans le développement historique trouve toute sa vérification expérimentale éclatante durant ce demi – siècle , et à travers l’exemple des évènements de décembre 1960 en Algérie. Ce qui a eu lieu dans la réalité est la résultante de plusieurs facteurs qui ont interagi , le mouvement avait fini par se frayer une brèche comme une nécessité,au travers d’une infinie multitude de contingences. L’issue finale se dégage toujours des conflits d’un grand nombre de volontés ; il y’a d’innombrables puissances qui se contre – carrent mutuellement ,un groupe infini de parallélogrammes de forces , d’où ressort une résultante : L’évènement historique . Ce qui s’en dégage serait quelque chose que personne n’a voulu complètement comme il l’aurait projeté et souhaité . Ici se combine organiquement l’objectif et le subjectif relatifs ( comme conditions ) , et la possibilité alternative se transforme en réalité concrète grâce à un rapport de forces socio-politiques nouveau crée par le mouvement conscient des masses populaires , comme force motrice dans le développement historique . Dans le cas de décembre 1960 , loin de toute vision simplificatrice et réductrice , la seule explication possible ( à mon avis ) de l’orientation finale des contre-manifestations du peuple algérien est que le manipulateur initial c’était retrouvé manipulé malgré lui , et avait dû réagir férocement devant le retournement imprévu de la situation dans un sens différent de celui qu’il avait concocté en ‘’laboratoire’’. Et cela sans que son adversaire principal ( le FLN et ses alliés ) l’aurait mijoté ou programmé à l’avance. Mais son action avait consisté à ‘’récupérer’’ le mouvement de masse pour lui imprégner une orientation différente , grâce à un bond fulgurant de la cristallisation de la conscience collective nationale ,qui avait déjà bien mûrie au cours des luttes précédentes, armées et politiques ,et grâce à elles . Aussi le phénomène de la rétroaction spécifique ( socio – psychologique et politico-militaire , pourrait – on dire ) avait pleinement joué son effet sur le cours final des évènements : Et c’était alors qu’une jeune nation moderne s’imposa par de hautes luttes , et des sacrifices inouïs de sa fine fleur, ( sa jeunesse énergique ) sur la scène internationale . Alors qu’un peuple plein de vitalité révolutionnaire rentra de pleins pieds, dans le concert des nations ,par le biais de cette autodétermination avant terme , et cela dans un contexte mondial favorable , et un rapport de force serré relativement . C’était l’ouverture d’une grande fissure sur la voie de la victoire finale , même un peu entachée , en écho lointain (presque six longues années) à la dynamique de dépassement qu’aurait constituée l’initiative de l’insurrection du 1er novembre 1954 , et en couronnement à la lutte armée rendue inévitable momentanément ( ce mal nécessaire qui guérit , dira très tôt un poète populaire méconnu) !(17)
8) Analyse du résumé synthétique des quatre textes: Cette tentative d’analyse de la synthèse des quatre contributions écrites ne concerne que des points essentiels relatifs exclusivement à l’évènement de décembre 1960 ( je l’espère ) ; elle n’aborde pas les autres aspects , même importants , liés à la guerre de manière générale ,notamment figurants dans les troisième et quatrième textes , comme il a été souligné plus haut. Les sous-titres sont repris fidèlement de la revue , comme d’ailleurs les extraits du
début et de la fin de chaque contribution , et donc il faudrait se référer à la revue pour lire dans les détails le contenu de chacune d’elles.
A- [ Significations et portée de décembre 1960: (Mohamed Harbi) « Quel rapport vivant peut-on avoir avec les manifestations de décembre 1960 ? . . . En décembre 1960, la plèbe urbaine affrontait le problème national. Ce Problème est résolu. Reste celui de l’émancipation sociale… »](a)
B- [ Décembre 1960 en Algérie vu du côté gouvernemental français: (Maurice Vaïsse) «…Le mois de décembre 1960 est triplement décisif . . . mais pour la première fois, une résolution qui reconnaît le droit du peuple algérien à l’indépendance est adoptée par l’assemblée générale par soixante – trois voix ( dont cinq membres de l’OTAN), contre huit et vingt-cinq abstentions . » ](b)
C- [ Les manifestations de décembre 1960 et la reconnaissance de la révolution algérienne: (Hartmut Elsenhans) «…Au moment des manifestations de masse du 10/11 décembre 1960 dans les grandes villes d’Algérie , l’évolution du pays vers l’indépendance peut – être considérée comme acquise , mais la forme que cette indépendance allait devoir prendre ne l’est pas encore…Par la forme du dénouement,les deux partenaires confèrent de la légitimité l’un à l’autre dans leurs camps respectifs,la France au FLN dans le monde occidental comme porte – parole du Tiers – monde dans les conciliabules où celui – ci n’est pas admis , et le FLN à la France dans le monde non – aligné … » ](c)
D-[ Les effets des manifestations de décembre 1960 sur les maquis algériens: (Daho Djerbal) « Avant toute présentation des effets des manifestations de décembre 1960 sur le rapport de forces dans les maquis et sur l’issue de la guerre de libération . . . La question du pouvoir du peuple ,de l’autorité légitime ainsi que de ses formes de représentation se posera avec acuité dans les deux années qui vont suivre . » ](d)
Commentaires sur les quatre contributions: a)-Il est très pertinent de développer une telle approche qui aide à tirer les enseignements de l’histoire pour le présent (et le futur)comme le fait M.Harbi à l’instar de la théorie des alternatives, sinon à quoi servirait-elle ( l’histoire ) essentiellement ? Mais il sous-estime la manipulation gaulliste du début ( qu’il ne faudrait pas non plus surestimer).Il est vrai que l’attitude du GPRA , avec toutes ses tendances , paraissait paradoxale (direction du FLN-ALN installée à l’extérieur) et géra mal de loin l’évènement. Il serait intéressant d’étudier plus l’attitude du PCA(allié et soutien du FLN) et du MNA(adversaire et rival du FLN), en plein action pendant les manifestations de décembre 1960 . ‘’ L ‘existence d’une politique du peuple ’’ n’était pas l’apanage du PPA ( dont l’auteur était membre ).Pendant la guerre d’indépendance,le désespoir de l’action politique des masses urbaines s’était installé après ‘’la bataille d’Alger ‘’, et c’était le travail conjugué de l’ensemble des forces politiques patriotiques au sein du FLN-ALN et autour de lui qui avait permit ce sursaut du peuple algérien,loin des tenants de la vision militariste.L’ordre de tirer sur les manifestants algériens pro-FLN était venu directement du délégué général gaulliste , comme il le reconnaitra lui – même . La décision d’arrêter les manifestations annoncée par le président du GPRA ,en son nom, a été mal ressentie par les algériens , et arrangea les dirigeants des deux camps qui partageaient au minimum la position de non radicalisation du mouvement à gauche (mais pas à la cubaine, issue à exclure parce que les conditions étaient totalement différentes ). La France en février 1960 , et justement en décembre 1960 expérimenta sa bombe atomique, et cela en territoire algérien (au Sahara), créant un rapport de force inédit dans la région face à l’URSS grâce à l’aide américaine. M.Harbi oublie cet aspect lorsqu’il avait bien restitué le contexte de l’année . Il faut reconnaître que le camp ennemi se disloqua davantage , au moment où celui des algériens s’unifia davantage, ce qui favorisera la victoire finale. Il est plus judicieux de parler de troisième orientation, et non voie, (non complètement assurée encore).L’auteur a certainement voulu parler de l’échec de la troisième force , à distinguer du concept de troisième voie. Mais cet échec, à mon avis , n’est vrai que dans la mesure où l’objectif ne s’était pas réalisé en dehors du FLN-ALN;par contre il l’avait été partiellement à l’intérieur de celui-ci à partir de l’année 1961 ( c’est la thèse que nous défendons ). Même la lutte au sommet pour le leadership et la zizanie par tous les moyens ont été aiguisées davantage par les services spéciaux français dés ce moment profitant du jeune âge de la majorité des dirigeants.Le concept de plèbe urbaine ( qui apparait en filigrane dans toute l’analyse de l’éminent historien )n’est pas pertinent , à mon humble avis, dans le cas de décembre 1960 ;c’est tout un peuple en majorité qui s’était soulevé contre une domination étrangère et l’oppression coloniale.
b)- Ce qui est fort intéressant c’est la présentation d’un document d’archive (source) comme base pour une analyse. Mais c’est la politique française qui est abordée exclusivement par M.Vaïsse , dans ses aspects apparents . Il se limite au commentaire du télégramme , en se référant parfois et uniquement à De Gaulle dans ses mémoires. Cet auteur admirateur du fondateur de la V république , avec toutes les possibilités qu’il a d’accès aux archives en France, après 50 ans passées , veut nous faire partager ses propres convictions comme quoi De Gaulle(a modifié son approche de la solution pour mettre un terme à la guerre d’Algérie). A notre avis pas fondamentalement; jusqu’à décembre 1960 il préconisa la création d’une base de masse à la troisième force . Il était même question de mettre sur pied un gouvernement secret à partir des fameuses ‘’ commissions d’élus ’’ en début d’automne 1960 , et se sont justement ces manifestations qui vont lui faire changer d’avis ,sans perdre tout espoir de noyauter l’ALN-FLN et de décimer son aile radicale.C’est le peuple algérien dans son immense majorité qui avait plébiscité le GPRA ,que De Gaulle et l’Etat français n’ont jamais reconnu de jure , il était obligé de reconnaitre le FLN et faisait tout pour lui adjoindre le FAAD , issue du MNA ; comme il avait tout fait pour séparer le Sahara , où il projetait de créer un Etat fantoche avec à sa tête le président du conseil général des Oasis Hamza Boubakeur , qui lui avait reproché cette concession, après continuité de la lutte armée mieux combinée à la lutte politique avec les manifestations contre la partition de juillet 1961 et celle d’Octobre 1961 à Paris contre les ratonnades .Et pour arriver à ses fins, il tenait à ce que le référendum d’autodétermination votait le 15 décembre 1960 en plein manifestations , ne se fasse pas sous l’égide de l’ONU.C’est ce qu’il avait obtenu grâce justement au vote des Etats nouvellement décolonisés de l’Afrique française ( drôle d’indépendance que voulait De Gaulle à l’Algérie aussi !) et ses alliés de l’OTAN.Il est vrai que le fossé s’était agrandi entre lui et les tenants attardés de l’Algérie française (fafistes donnant naissance à l’O.A.S), mais l’objectif stratégique était de maintenir l’Algérie , à l’instar des autres colonies d’Afrique dans le giron de la France ,sous une nouvelle forme de dépendance néocoloniale dans sa sphère vitale.Dans le cas algérien singulier de par sa lutte armée et ses sacrifices inouïs , son mouvement de libération , ses soubassements civilisationnels…et les rapports de forces créés , l’ex. puissance coloniale n’a pas la même influence, mais continua de déstabiliser le jeune Etat indépendant par tous les moyens, dont ‘’le parti dit de la France’’ issu de cette troisième force.Il est enfin temps de faire le vrai bilan de l’après-indépendance, mais dire que c’est grâce à De Gaulle qu’on a eu la liberté,c’est faux et honteux.
- c) Cet éminent spécialiste voulait certainement parler de la fin des structures colonialistes et non néocolonialistes grâce à décembre 60 ;la même occultation de la manipulation du début est développée . C’était le 9 de l’après – midi que De Gaulle prononça son allocution à Tlemcen , et c’était à Téleghma le 12 qu’il devait faire ce second discours.C’est très juste de mettre en relief le constat fait par De Gaulle d’une nation algérienne, même en niant à son peuple sa prise de conscience précoce.Il est faux de dire que la France renonça à son rôle d’arbitre et se limita à celui de défendre ses intérêts,elle prétendait aux deux comme le prouve son acharnement contre le second vote qui devait déterminer l’ONU, pour chapeauter le scrutin ,le 19 décembre 1960. Alors qu’avant ,l’objectif non déclaré n’était pas la mise sur pied des fameuses ‘’commissions d’élus’’ en soi , mais comme jalon à un gouvernement ‘’franco-arabe’’ parallèle ,en misant sur la dislocation du GPRA , et gagnant sa fraction dite modérée ,en le coupant de sa base (force) militaire de l’intérieur.Avant décembre 60,la France concevait la politique de ‘l’Algérie algérienne‘ toujours en dehors du FLN.Ces manifestations constituent la victoire de tout le peuple algérien et ses forces patriotiques ,sous la direction de l’ALN-FLN sur le plan politique, diplomatique et psychologique. Aucun amalgame n’est possible avec Diên Biên Phù (défaite militaire de l’armée française);il y’a eu défaite globale des forces colonialistes.Quant à la prétendue défaite militaire de l’ALN,elle était illusoire,et confondue avec l’affaiblissement momentané.L’évolution de l’opinion publique française avait dû peser après les manifestations du 17 octobre 1961.Elsenhans reconnait à la France la poursuite d’une stratégie néocoloniale , qui avec l’accès à l’arme nucléaire , n’avait plus intérêt géostratégiquement , pour subvenir à une lourde et durable Que signifie victoire de la France sur elle – même en parlant de conditions du virage déterminé par décembre 60 ?Victoire de ses forces anticolonialistes oui, avec les peuples algérien et français, sinon c’est de la mystification ! Idem pour l’adversaire capable d’apprendre ! Le colonialisme a toujours été un mauvais élève selon le chef victorieux de la bataille de Diên Biên Phù , le Général Giap. L’auteur déborde sur le sujet dans ses conclusions , lui qui est un très grand spécialiste de la politique française ,en étant éloigné de l’histoire algérienne, mais nous ne partageons pas toutes ses déductions sur la politique gaullienne et mitterrandienne , à laquelle il trouve une forme de tiers-mondisme ! L’issue finale a été un compromis imposé par le rapport de forces , qui avait engendré dans les deux camps des opposants acharnés . La politique suicidaire de l’O.A.S et la menace fasciste qu’elle avait fait peser contre la métropole , l’unité et la cohésion relatives du peuple algérien,malgré les dissensions ont le plus influé.
- d) Le titre principal de cette étude aurait été , à mon avis , celui d’un sous-titre ‘’ La dimension historique et les effets des manifestations de décembre 1960 ’’. Il est pertinent de relever la question du sujet principal qui est le peuple, dont le rôle resurgit , et de la lutte politique qui reprend le devant . Et très juste de noter en premier lieu,tout le chamboulement du dispositif militaire ennemi qui desserra l’étau sur les maquis affaiblis par le plan Challe.Ce n’est pas avec le mot d’ordre gaulliste de la troisième force ‘’Algérie algérienne ‘’que le rapport de force bascula au plan politique , mais celui de ‘’ Algérie indépendante et musulmane ’’. A Alger , à titre d’exemple , c’est le FLN – ALN qui récupèrera les manifestations initiées par les officiers des SAU, en usant d’une ruse pour se frayer le passage lors des barrages de CRS , celle de brandir les banderoles pro-gaulliste ;et une fois passé, les meneurs sortaient calicots,drapeaux…propres à eux . D’ailleurs l’effet de ces derniers sur les forces de l’ordre a été immédiat : Tirs à bout pourtant sur ordre de ceux qui ont poussé les algériens à manifester contre les fafistes de‘’l’Algérie française’’.Mais jamais il n’y a eu de mot d’ordre écrit ‘’vive l’Algérie arabe’’,repris par les manifestants,mais ‘’musulmane’’ avec le sens du terme de l’époque (statut personnel). Le bilan officiel des victimes a été en-deçà de la réalité à Oran, Alger,et Annaba etc.depuis le début jusqu’à la fin. Pour le Sahara, le FLN-ALN avait directement appelé à manifester en juillet 1961 contre la partition. Il est vrai que cette stratégie d’Etat avait déjà été envisagée depuis 1956-1957. Mais si décembre 1960 signifia la fin inéluctable de l’Algérie française , la crainte de mettre hors – jeu le FLN plébiscité par le peuple aussi n’avait pas lieu d’être, mais bien celle d’infléchir son orientation en l’infiltrant de l’intérieur. Et notre peuple avait pris en main son Nous partageons le souci de l’étude de la période qui suit à la lumière de la description faite en conclusion , et la problématique fondamentale de la souveraineté populaire usurpée. Décembre 1960 démontre que c’est la majorité du peuple algérien qui avait arraché notre indépendance nationale, après d’immenses sacrifices, sous la direction de l’ALN-FLN en tant que large front anticolonialiste. Et c’est bien la France qui avait favorisé le système du parti unique, paradoxalement, à l’instar du reste de ses ex. colonies, comme le reconnaîtra l’un des chefs de la DGSE qui avait eu accès au dossier des archives ‘’des réseaux Foccart’’, et le système de la corruption dissimulée comme ‘’des affaires privées’’ dans un univers parallèle du renseignement qui se dispute sur l’influence avec les structures officielles. Cette stratégie néocoloniale avait toujours été menée, en Algérie, de manière plus masquée qu’ailleurs. Mais on ne dicte pas à l’histoire , parfois imprévisible, son cours, comme on a essayé de le démontrer à travers notre approche.
En guise de conclusion: Toutes ces lacunes sont certainement dues à l’échéance de la publication, alors que le principal souci de la rédaction aura été de marquer le 50éme anniversaire de l’évènement . Je n’ai certainement pas tous les éléments pour m’expliquer toutes les failles constatées dans ce numéro spécial et hors -série de la prestigieuse revue « Naqd » , et qui en principe avec une révision – correction , surtout d’un historien assez averti que Daho Djerbal, n’ y auraient , sans aucun doute , pas figuré . La précipitation est le facteur principal de l’erreur humaine en recherche , et d’ailleurs en tout domaine, sans négliger la contrainte des moyens , à moins que ..? Il s’agit de mettre à jour ce numéro hors – série consacré au cinquantième anniversaire des manifestations de décembre 1960 , lors d’une éventuelle réédition , et cela en tenant compte des diverses remarques et critiques justifiées ; et aussi penser à la création d’un magazine périodique d’histoire à large public.(18)
Aïn Témouchent – Oran, le 09 décembre 2011. Boumédiene LECHLECH (Chercheur-Historien)
Notes et références *– Cette étude rentre dans le cadre de l’histoire du renseignement algérien encore balbutiante. L’auteur n’est pas partisan de la conception policière de l’histoire qu’il trouve même dangereuse, mais pense qu’à chaque facteur il faut donner sa juste proportion.Le pouvoir d’Etat politique depuis la nuit des temps use de services spéciaux dont l’action en progrès constant est secrète et déroutante , et mérite l’attention de l’historien comme toute autre forme d’action de masse , médiatique , diplomatique , militaire , politique … Et c’est la sous-estimation de l’étude de l’histoire de la fonction secrète qui serait étonnante pour la compréhension globale du passé , en éclairant au maximum ses multiples énigmes et sa face cachée . C’est tout l’art du métier d’historien qui doit bannir « la théorie ou plutôt le mythe du complot » , sans négliger l’étude scientifique de « l’iceberg de l’histoire » qui relève des méthodes du monde de l’espionnage et du contre -espionnage , des hommes de l’ombre comme on dit dans leur propre jargon. Si l’expédition colonialiste française a eu son «Vincent-Yves Boutin » précurseur de l’Algérie française et des réseaux qui ont continué l’œuvre napoléonienne; la phase néocolonialiste a eu aussi son « Jacques Foccart » précurseur de l’Algérie algérienne et ses réseaux qui ont mis en application la stratégie gaullienne en Afrique et dans le monde arabe, dont l’Algérie ne fait pas exception, malgré son cas spécial dû a la radicalité relative de sa révolution armée et populaire. Néanmoins l’historien algérien doit-être suffisamment «vacciné» pour faire face à une sorte de « bleuîte » permanente que poursuivent les relais de la politique néocoloniale. – Il est encore tôt de croire éclairer toutes les facettes de décembre 1960 , ses causes et ses conséquences; car en plus de la grande manipulation dont avait fait , et est encore l’objet l’évènement historique , des sources primordiales demeurent inaccessibles aux historiens aussi bien en France qu’en Algérie . Alors que d’autres ont carrément été détruites ou perdues. En plus de la dominance des faux témoignages, des non – dits et la rétention systématique d’information, consciemment ou par excès , qui brouillent les pistes de la recherche historique. C’est à partir de ce moment que l’Etat français va (dans le cadre de la politique dite de 3éme force réadaptée à cause du plébiscite populaire du FLN , c’est-à-dire réalisée au sein des cadres embryonnaires de l’Etat – Nation naissant) en Algérie faire asseoir les premiers jalons de réseaux dormants , dans le cadre de sa politique secrète en Algérie ( qui seront réactivés à diverses périodes , et de manière spectaculaire jusqu’à trente ans après l’indépendance pour certains , et après…).
1) – Je fais allusion aux deux contributions volumineuses de Hartmut Elsenhans et Daho Djerbal.Peut-être qu’il y’a eu défection, que j’ignore, à la dernière minute d’autres historiens et la rédaction s’est vu obliger de procéder ainsi pour combler le vide. . – La revue « Naqd » elle-même étant née en 1990 , et c’est un véritable exploit qu’elle a pu tenir jusqu’à aujourd’hui en maintenant son autonomie et sa rigueur scientifique pour l’essentiel, dans un contexte infernal, celui de la décennie rouge du terrorisme islamiste.
2) – Il est vrai que l’histoire évolue avec des rivalités et contradictions dans le même camp. Il n’y’a qu’à voir les controverses dont avait fait l’objet le dossier des faux Moudjahidines, qu’expliquent la lutte pour des parcelles de pouvoir, le bénéfice de la rente, l’itinéraire passé honteux pour les descendants…Et pourtant c’était la majorité du peuple qui avait fait basculer l’histoire en décembre soixante et après. . – Ce sont les divergences et clivages postindépendance ,ainsi que les règlements de compte et l’esprit de revanche ( et de vengeance ) politique qui expliquent les tentatives de falsification de l’histoire avec la volonté de détruire l’adversaire du moment, en essayant de lui ôter toute légitimité et crédibilité. . – La falsification concerne en particulier les communistes algériens dont l’apport à la guerre de libération nationale a fait l’objet d’une omerta malgré leur mobilisation au sein de L’ALN et autour du FLN-GPRA .Les messalistes qui eux se sont effacés, il est vrai tardivement au profit du FLN en 1961 pour les négociations, après une lutte fratricide meurtrière , et cela justement grâce aux évènements de décembre 1960 , ont étés confondus , à tord en bloc , avec les membres du FAAD ( initié par le SDECE ) , autre variante de la 3éme force néocoloniale .Les plaies de la lutte intestine encouragée par l’ennemi ,encore fraîches,n’ont d’autre cure que le temps.Mais la ‘’réhabilitation’’ tardive du leader Messali Hadj a toujours fait l’objet d’instrumentalisation à des fins politiques et de pouvoir. . – Beaucoup d’éléments de la 3éme force se sont vus attribuer des attestations communales de Moudjahid et des responsabilités à tous les niveaux et dans tous les domaines (administration, forces de sécurité, politique), même à l’échelle centrale de la S.M. . – Des personnalités politiques algériennes s’abreuvent encore dans leurs écrits du venin de divers thèmes d’intoxication des « bureaux arabes »truffés d’agents secrets , et hérité par le SDECE , pour tuer et éteindre tout esprit de résistance chez les autochtones contre le colonialisme. . – Des anciens du MALG, use de titres sensationnels qui ne correspondent qu’à un chapitre souvent de leurs livres -itinéraires , mais ne livrent que quelques secrets de ce qu’ils savent du passé négatif , et débordent sur l’information de seconde main sur des situations qu’ils n’ont pas vécu directement.Cette démarche dénote la persistance de l’autocensure , alors que la jeune génération n’ ingurgite que la version des historiens de l’ennemi d’hier sur les sujets tabous qui lui n’est pas avare du tout pour faire des révélations fracassantes, et cela avec sa propre interprétation bien maquillée des faits où la stricte rigueur scientifique fait défaut.
3) – L’accès aux sources archivistiques pour la période de la guerre de libération nationale (1954-1962) est devenu quasi impossible, alors qu’il y’avait eu une petite ouverture en 1989, vite refermée à cause dit-on du problème des anciens collaborateurs et leurs descendants ! Comment dans ce cas pouvoir travailler pour les historiens de cette phase importante dans l’autonomie de la recherche historique ?! Et que dire de certaines archives de l’ALN, devenues celles de l’ANP, comme par exemple les commissions mixtes de cessez-le-feu..? . – Les exemples de ce genre de personnes ne manquent pas , parfois de hauts responsables, qui mettent leurs noms sur des ouvrages et d’articles à base d’archives dont ils ne sont pas auteurs réellement, et d’aucune valeur scientifique du point de vue méthodologique. On cherche des titres de gloire qu’on n’avait pas pu acquérir par l’exemple de l’engagement vivant ! Allah yerham Echouhada El Abrar.
4) – L’interview de l’ex. Président A.Benbella, et la controverse qu’il a soulevée en est l’illustration parfaite, mais non isolée (d’autres zizanies publiques médiatisées et faits le démontrent) dans ce contexte précis du « printemps arabe » que l’Occident cherche à récupérer à son profit .Et le prétendu journaliste de « Jeune Afrique » nous rappelle Yves Courrière l’agent de l’ex.SDECE, qui est devenu une référence de notre histoire nationale manipulée!Comme quoi « nous somme capables de manipuler même votre histoire et mémoire » (lointaines ou proches), nous disent-ils ! La couverture du journalisme est devenue classique. . – La presse nationale avait rapporté ,dans ses colonnes ,des incendies bien déguisés d’archives de mairies liés aux attaques des GIA un peu partout sur le territoire national pendant la décennie 1990 . Alors que des cas de pertes d’archives , par divers procédés , sont à signaler auparavant comme le savent des historiens et archivistes algériens qui ont travaillé sur le terrain. . – Les universités françaises ont souvent délivré avec beaucoup de complaisance des diplômes, même à des « marsiens », sachant qu’ils ne vont pas s’établir en France,et qui n’ont parfois même pas de BAC,ni d’ailleurs de niveau intellectuel ; l’institut d’histoire d’Oran en fournit des exemples.Elles ont été ensuite suivies par les concurrents anglo-saxons.Le système universitaire rentier algérien a fini par absorber la minorité compétente et la dompter, alors que le terrorisme islamiste et la mafia politico-financière en avait décimé une bonne partie, pendant qu’une autre frange avait déjà choisi l’exil ou l’auto-marginalisation (l’exil de l’intérieur). . – L’auteur de cette petite étude est lui – même une victime de ce système de parrainage et de cooptation. Major de promotion, il avait été privé de la bourse à l’étranger . Enseigna à l’université d’Oran en qualité d’assistant pendant une année (1986) ; il rencontra d’énormes difficultés pour passer en deuxième année magister, malgré sa note en-dessus de la moyenne, et fut éliminé par une machination diabolique du doyen de l’institut en 1988/89 , président de l’union nationale des historiens du temps du parti unique(terminant sa carrière politico-policière comme sénateur) , en connivence avec le directeur de l’institut membre du majliss achoura du FIS de Mascara…Il a fait un recours qui est depuis plusieurs années auprès du recteur / président du conseil scientifique de l’université , et a demandé en vain une audience depuis plus d’une année et demi auprès du ministère .. ! Alors que d’autres ont eu leur doctorat d’Etat sans avoir eu leur BAC , par le système de l’habilitation sans travaux préalables réels transgressant tous les textes … grâce au nouveau président coopté de l’U.N.H introduit partout (y compris dans l’organe de recherche sur l’histoire du M.A.M)!(Résumé) . – Prenant l’exemple de l’évènement en question (décembre 1960), et malgré la date qui nous en sépare,les archives ( écrites ou filmées ) ne sont pas communiquées .On manipule même le film , en nous montrant quelques séquences pour exhiber le courage des ultras et la peur des musulmans (qui se sauvent) ! Pourquoi le film des évènements n’est pas montré dans sa totalité ? Même Jean Morin qui fait des révélations pour la première fois sur les mesures gouvernementales secrètes en tronquant des faits, minimisant d’autres…saute carrément par-dessus la nouvelle stratégie d’adaptation de la politique de 3éme force, et de noyautage du FLN-ALN , il feigne sur le rôle joué par les services secrets français avant, pendant et après l’évènement. Son objectif est de justifier à postériori la politique gaullienne contre les deux « extrémismes »… . – On a même entendu parler de la tentative de création du parti RAAD dans la décennie 2000 par des descendants d’anciens du FAAD , conscients du passé de leurs parents ! Sans parler des alliances au sein du pouvoir et de « l’opposition » avec la classe politique française nostalgique de la colonisation. L’adoption d’un texte de loi par le parlement algérien condamnant la colonisation a fait l’objet d’obstruction de toutes parts, surtout d’officiels très-haut placés ! Ne parlant pas du vide juridique sur la question des harkis. . – Cette guerre psychologique est menée par un nombre considérable d’associations de harkis et leurs fils, celles des anciens de l’OAS … et cela sans compter les institutions, les médias…et leurs relais chez nous. . – Le général Maurice Faivre,spécialiste en histoire du renseignement,en est le chef de file apparent, ancien officier métropolitain de la guerre d’Algérie ( non gaulliste ) , auteur de plusieurs études et ouvrages sur l’Algérie , aux analyses et conclusions partiales , mais bien présentées dans la forme et le style.
5) – L’auteur s’appuie ici sur l’expérience vécue de l’institut d’histoire d’Oran, dont est issu l’ex.président de l’organisation nationale des historiens , coopté bien sûr , et son remplaçant , et pas moins de deux sénateurs ! Et qu’ont-ils produit à l’Algérie par rapport à ce qu’ils bénéficièrent de la rente ?
6) – En 2004 , lors de la campagne électorale des présidentielles , on avait même vu le slogan ‘’ De l’Emir Abdelkader à Si Abdelkader‘’!, alors que Saïd Saâdi , qui aspire à devenir président de l’Algérie , dans son ouvrage sur le Colonel Amirouche écrit : ’’ …Nous avions entendu parler d’un certain Abdelkader, qui avait essayé de résister avant de se rendre et devenir l’ami de la France ; on nous avait aussi chanté El Mokrani et Cheikh Aheddad , qui s’étaient battus jusqu’à la mort lors de l’insurrection de 1871…’’ !! Cette position politique sur l’Emir Abdelkader est partagée entre lui et Hamza Boubakeur dans son livre sur Sid Echeikh. . – L’un des grands mythes est celui de Massinissa , roi vassal intronisé par le sénat romain , dont le nom figure dans nos chartes nationales. (Gabriel Camps, M’hamed H. Fantar, François Decret, M.S. Ghanem …). . – Le cas le plus en vue est celui de Messali Hadj dont M.Harbi avait mentionné dans ‘’Les archives de la révolution algérienne’’ un rapport inédit qui aborde le sujet de la 3éme force dont la variante du FAAD, issue du MNA et dénoncée par lui-même vers juin 1961, et les leçons des manifestations de décembre 1960.
7) – Se sont les fafistes(première force)qui avaient appelé à manifester contre De Gaulle avec le mot d’Ordre principal de : ‘’ Algérie française , A bas De Gaulle ‘’, alors que l’ALN-FLN (GPRA)constituant la seconde force avait comme principal mot d’ordre ‘’ Algérie musulmane et indépendante ‘’, et la troisième force avait son propre mot d’ordre suggéré par les gaullistes ‘’ Vive De Gaulle , Algérie algérienne ‘’. Le colonel François Coulet, directeur des affaires politiques,était derrière cette dernière (voir Maurice Faivre-général-Les archives inédites de la politique algérienne, Editions l’harmattan, Paris 2000, p.53) . – Même au Vietnam il ne faut pas trop exagérer la victoire militaire historique qui avait pris cette dénomination ; le peuple vietnamien avait dû faire encore de plus grands sacrifices pour son indépendance et combiner luttes politiques , diplomatiques et militaires contre les américains qui avaient pris le relais des français. Toujours le triomphalisme fait baisser la vigilance politique et la garde.
8) – Voir les deux textes directement dans le numéro hors-série de la revue ‘’Naqd’’.
9) – Mohamed Téguia , en dehors de ses livres sur l’ALN et la guerre de libération avait consacré l’une des meilleures études spécialement sur les manifestations de décembre 1960 , non mentionnée dans ce numéro spécial ! Lui qui était officier de l’ALN prés d’Alger , avant de devenir historien , les considéra comme un troisième front des villes ayant joué un rôle décisif à juste titre .Mais à mon avis personnel , il sous-estima un peu la manœuvre gaulliste en abordant la problématique de la spontanéité.Il ne parla pas non plus de la poursuite de la politique de troisième force sous une forme secrète , suite à son échec cuisant dû justement à l’intervention populaire .Avait-il tous les éléments nouveaux dont nous disposant avec le recul suffisant ? . – Voir les contributions de Bachir Hadj Ali , l’un des principaux acteurs directs du PCA , en espérant attendre les témoignages plus détaillés de ses compagnons sur l’évènement qu’ils avaient vécu ensemble aussi , pleinement sur place à Alger, en compagnie de Camille et Lucette Larribère, Jacques Salort… Les mémoires encore inédits de Mahmoud Latrèche le kominternien algéro-palestinien (que je découvre récemment) nous révèlent le rôle important d’un dirigeant communiste chevronné, en plein cœur de la Casbah d’Alger, dans la direction politique du mouvement de masse. Alors que Bachir Hadj Ali s’inspirant de cet grandiose évènement produira ses ‘’Chants pour le 11 décembre‘’ (magnifique recueil de poésie). 10) – Déjà qu’il faut parler de mort au combat et non simplement mort des colonels Amirouche, Si Haoues, Si M’hamed, mais ne pas se limiter à eux, il y’avait avant eux Benabdelmalek Ramdane, Didouche Mourad , Zighout Youcef, Mostefa Benboulaïd, Larbi BenM’hidi … Et après eux Lotfi , Faradj, Si Mohamed, Si Tarik… (Tous des officiers supérieurs de l’ALN).
11) – Ce numéro aurait gagné en qualité en consacrant une contribution spéciale de reconstitution de cet évènement. La chronologie est importante pour saisir l’enchaînement des faits (entre causes et effets). . – On note , bien sûr à notre connaissance , l’absence d’une étude historique académique sur le sujet . Alors que notre travail d’investigation de terrain se limite à la région de Sidi Bel Abbés et Aïn Témouchent d’où sont parties les manifestations . Nous y reviendrons par une contribution spécifique , et avec des révélations étonnantes de faits inédits pour démontrer concrètement l’émergence d’un segment du noyau dur de la 3éme force néocoloniale qui prendra une dimension nationale à l’indépendance du pays. . – Il y’a abondance d’articles de presses sur l’évènement depuis son éclatement à aujourd’hui , et de petits chapitres dans les divers livres d’histoire sur la guerre de libération.Une petite étude titrée ‘’cri de révolte’’ lui a été consacrée par un ancien du MALG ( M’hamed Yousfi ) , et deux tomes de Hamouma Hocine qui lui s’improvise en chercheur en histoire , mais où il dérape complètement , par absence de rigueur scientifique et de méthodologie dans le traitement de l’information journalistique et des témoignages ( du plagiat et beaucoup de faux )’’les enfants de décembre’’. Mohamed Freha, qui s’est approprié les archives de l’ONM, dont il était un moment responsable, s’appuyant principalement sur un journaliste, publiera en 2013 un livre plagié titré ‘’ Décembre 1960 à Oran’’.Toute prétention ne peut remplacer le métier et la vocation.
12) – Il est certain que des sources essentielles(policières)restent inaccessibles aux historiens sur l’évènement, pourtant c’est un demi – siècle qui vient de s’écouler depuis.Elles sont primordiales parce que non destinées à la propagande, mais au pouvoir. Celles du MALG sur l’évènement aussi ne sont pas connues. . – Ce n’est pas sous l’auspice de l’ONU qu’a eu lieu l’autodétermination ( à cause du vote négatif des Etats africains satellites de la France , des USA…),mais l’Exécutif Provisoire créé par l’Etat français lui-même avec à sa tête Abderrahmane Farés(l’un des chefs de file de cette troisième force néocoloniale)désigné par De Gaulle et présenté comme prisonnier politique fraîchement sorti de prison dans un scénario parfaitement tissé par le pouvoir et le SDECE.Nous émettons l’hypothèse que ce personnage membre de la SFIO ( ex. président de l’Assemblée Algérienne) joua le premier rôle (double) dans l’opération ‘’Tilsitt’’ dite affaire ‘’Si Salah’’. Alors que Salah Bouakouir , dont le président chahid M.Boudiaf avait débaptisé le boulevard, lui était très lié .Il est étonnant que des cadres de l’ex.MALG le présentent comme pro-FLN avant décembre 1960,et sa mort reste accidentelle, comme avait témoigné son collaborateur au gouvernement général, René Mayer, en clarifiant son parcours, ses positions et son choix dans sa réplique à Mourad Benachenhou.
13) – Une revue adressée au large public devrait être plus illustrée par des photos et documents , avec des commentaires.Ce sont aussi des sources qui parfois sont plus parlantes et significatives, en s’assurant qu’elles ne sont pas des faux fabriqués, et il y’en a plein sur notre guerre d’indépendance nationale.
14) – On aborde si souvent aussi bien les causes que le contexte et les conséquences beaucoup plus que l’étude de l’évènement en lui-même, en raison de la difficulté à bien le cerner faute de sources fiables.
15) – Si les manifestations populaires de décembre 1960 ont été un tournant décisif pour l’indépendance nationale sous la direction de l’ALN-FLN historique , et un échec de la troisième force en dehors de lui , l’euphorie triomphaliste va masquer l’infiltration de cette force qui va prendre en fin 1961 , les rênes du pouvoir local aussi bien de l’ALN que de l’OCFLN (dite O.P.A par les services de l’ennemi) dans la région d’Aïn Temouchent , après avoir liquider physiquement les cadres les plus politisés dans des pièges montés avec les diverses structures de l’armée française (2éme bureau, secteur militaire, SAS…).Et cela bien avant l’arrivée des ‘’marsiens’’ ;d’autres variantes de cette force vont apparaître comme le FAAD, les élites issues des ‘’commissions d’élus’’…mais la plus pernicieuse est celle des retournés.Les commissions militaires mixtes issues des accords d’Evian seront truffées par des officiers fraîchement promus du côté algérien issus de cette troisième force !! Il faut reconnaître que le contexte de la lutte anti-O.A.S avait favorisé l’alliance de facto de toutes les forces dans un front commun (ALN , force locale , armée française…) , et enfin la crise de l’été 1962 (course au pouvoir) avait tout faussé .Malgré les apparences,le SDECE et autres officines avaient très intelligemment tiré les ficelles en jouant officiellement la neutralité entre protagonistes . L’éclatement du GPRA et le recul de la conscience nationale et patriotique au second plan par rapport aux années de feu où elle s’était le plus cristallisée,avait permis l’émergence de clans hétérogènes de nouvelles ’néo-assabyetes’ se disputant le pouvoir des appareils, même des harkis y ont étaient intégrés selon l’appartenance tribale. Le nouveau clivage était l’alignement et la fidélité, même en apparence, aux pouvoirs en place…
16) – Les évènements en cours dans le monde arabe nous démontrent bien le caractère contradictoire du mouvement de masse et les possibilités d’évolution ou de régression historiques dans un contexte de crise aigue du capitalisme, de domination néolibérale , et du déclin historique de la puissance économique et technologique américaine, comblée par l’hégémonie militaire ; ainsi que le poids de l’intervention des services spéciaux et leurs capacités de contrôle et de récupération relatives du mouvement de masse.
17) – Ivan Kovaltchenko se référant principalement à Marx, Engels et Lénine développa les fondements de la théorie des alternatives dans le développement historique . Mais se trompera lourdement sur l’analyse du processus qu’il pensa irréversible de la révolution d’Octobre par une vision théorique abstraite et absolue, ainsi que la négation de la déformation stalinienne bureaucratique et sans aucune allusion au révisionnisme khrouchtchévien et gorbatchévien. . – Il s’agit de l’auteur de l’hymne S’hab el Baroud , Hanani Lahouari , contre la cantate du centenaire.
– a),b),c),d) : se référer au numéro spécial de la revue Naqd de 2010 consacré au 50 éme anniversaire de cet événement historique des manifestations populaires de décembre 1960.
– Pierre Marion, La mission impossible-A la tête des services secrets, Editions Calmann-Lévy, Paris 1991,p.106
18) –A moins qu’il y a eu intervention ‘’ d’une main malveillante ‘’ non contrôlée lors de l’impression !
– Il ne faut surtout pas confondre le contenu politique du mot d’ordre ‘’Algérie Algérienne’’prôné par les pro- gaullistes qui l’empruntèrent vicieusement à une fraction du mouvement national dite berbériste des années quarante,lui donnant en apparence un contenu sociologique,identitaire et civilisationnel.En décembre 1960 , il y’avait eu une troisième force consciente politiquement, et une grande masse manipulée surtout d’enfants et d’adolescents, mais qui pour la plupart avait été rapidement réorientée par la base du FLN-ALN ( dont le P.C.A). Cet évènement historique exceptionnel confirmera d’ailleurs la ligne politique de ce dernier.
* – Cette discipline n’est pas , bien sûr , enseignée à l’université algérienne ,l’auteur universitaire ( magister inachevé en 1988/89) , enseigna au lycée Lotfi d’Oran , et à l’université d’Oran ( pendant l’année 1986 ) . Il mena d’abord un travail monographique sur la zone 5 de la wilaya 5 ( Emergence de la 3éme force néocoloniale entre 1958 et 1962 – région de Sidi Bel Abbés et Aïn Témouchent – Etude de cas) – (Micro – histoire) ; avant d’élargir ses horizons sur quelques aspects de l’histoire du MALG et du renseignement algérien en général à l’échelle nationale ,selon la disponibilité des sources écrites et orales , et cela depuis plus d’un quart de siècle passé, avec ses propres moyens , en dehors des institutions de recherche officielles , et sans prétention particulière de tout savoir , dans une sphère de la connaissance historique assez singulière où forcement la sienne ne peut-être que partielle et incomplète.
– Un ouvrage récent – très médiatisé – a été consacré à l’événement du soulèvement populaire dernièrement en France par le sociologue (Mathieu Rigouste, un seul héros le peuple, Editions PMN, Paris 2020). Il avait ouvert en 2016 un blog spécial pour réaliser ce livre et un film documentaire en faisant un appel à l’aide. Je lui avais envoyé par email cette modeste contribution inédite, comme je l’avais envoyé auparavant à quelques ami(e)s. A cause du coronavirus, on n’a pas encore eu accès à ce nouveau livre. Pour l’instant nous n’en savons que peu sur son contenu à travers les interviews de son auteur qui sont disponibles sur internet.
– Un écrit précédent d’Amar Belkhodja, Tiaret,la révolte urbaine du 8 janvier 1961,Editions Alpha, Alger 2013, avait été consacré au soulèvement contre le référendum gaulliste de l’autodétermination dans cette région. C’est une réplique tardive de cette région (aux manifestations de décembre 1960) organisée sur instruction du FLN-ALN. Elle était combinée à des attaques armées et eu des morts et blessés.
REMARQUE:
Cette petite étude critique a donné naissance discrètement à ‘’mémoria.dz’’ le magazine de l’histoire et de la mémoire en Algérie après avoir été envoyée à qui de droit en 2011.
(Ce texte a été un peu corrigé et mis à jour)
Le 9 décembre 1960 à Aïn Témouchent à la place publique, début de l’évènement.
Ping : Les manifestations de décembre 1960 en Algérie. Par Boumediene Lechchech. – COLLECTIF NOVEMBRE POUR LE SOCIALISME